dimanche 20 décembre 2009

Derrière les fenêtres

Ce tableau d'Edward Hopper ("Fenêtres la nuit", 1928) me renvoie à "Fenêtres de Manhattan", d'Antonio Munõz Molina, que j'ai lu en mars dernier. Ce n'est pas un hasard, Molina lui-même cite Hopper.

Ce livre a nourri certains de mes penchants les plus affirmés. Mon fantasme new-yorkais toujours inassouvi bien sûr, mais aussi...

... Une tentation voyeuriste, j'ai toujours aimé regarder derrière les fenêtres, particulièrement la nuit, les lumières m'attirent, j'ai envie de me projeter avec ceux qui sont à l'abri, dans la chaleur, je deviens eux que je ne connais pas :
"Mais cette vision est celle de celui qui se promène de nuit dans un quartier tranquille de New-York, dans les rues résidentielles de Chelsea ou de l'Upper West Side et qui, depuis l'ombre des trottoirs, regarde par les fenêtres de salles à manger, de bibliothèques ou de petits bureaux des scènes fragmentaires tirées de la vie d'inconnus : personnes qui lisent le journal à côté d'une lampe allumée dans un fauteuil aussi rouge et large que certains des fauteuils de Hopper, ou qui restent à réfléchir au milieu d'une pièce, cherchant à se rappeler une chose qu'ils devaient faire ou chercher et qu'ils ont oubliée. Alors l'encadrement de la fenêtre devient le cadre exact d'une peinture, et cet homme ou cette femme qui font quelque chose ou réfléchissent à un sujet banal, et qui ne sont ni plus riches ni plus séduisants que nous, ni pourvus d'une vie mémorable que la nôtre, acquièrent à la lumière de la lampe, à travers l'éloignement et l'ombre qui les séparent de la rue, le mystère d'une chose que nous aimerions connaître et que nous ne découvrirons jamais, le prestige d'une existence harmonieuse, protégée, sereine, peut-être trop réfléchie et un peu mélancolique, plus consistante que la nôtre."

... Mon goût pour l'intimité, le confort, la tranquille activité du dimanche, la douceur d'une vie organisée autour de quelques essentiels, l'intérieur et l'intériorité comme points d'ancrage :
"Nous donnerions n'importe quoi pour habiter dans cette pièce que nous voyons depuis le trottoir, pour mener cette vie qui nous semble tellement faite d'habitudes solides, entourée d'objets précieux et ennoblis par l'usage, de ces cadres peut-être dorés, de ces livres aux couvertures sombres qui sont sans doute des chefs-d'œuvre et dans la lecture desquels nous aimerions nous plonger à la lumière de cette lampe, installés dans ce fauteuil proche de la fenêtre, dans ce calme et dans ce silence qu'interrompent à peine les pas d'un inconnu qui passe dans la rue."
"Il y a ici un art du petit déjeuner, comme celui de tant d'autres choses quotidiennes, l'art de partir le dimanche matin pour une brocante ou celui de lire avec méthode et placidité les innombrables cahiers du journal, ou encore de se promener dans Central Park en profitant avec une simultanéité inhabituelle de la nature et des artifices humains."

... Ma passion pour les livres, cette gourmandise immense et déjà frustrée que Molina décrit si bien, et qui me saisit tout particulièrement quand je me trouve dans une bibliothèque ou une librairie :
"Quel plaisir, quelle envie de livres éclatants comme des pains à la croûte dorée, et moi qui me promène au milieu d'eux qui me tentent presque tous [...] Chaque livre est une invite excitante et aussi un début de remords anticipé, une promesse de sensations, de mots, de savoirs et de mondes, et l'avertissement de ce que l'on ne peut pas lire tous les livres qu'on voudrait. Le temps manquera toujours et celui qu'on consacrera à l'un on le refusera à un autre, et on ne pourra jamais tenir pour satisfait cet appétit de lecture, ce vice impuni selon Valéry Larbaud."

J'ai repensé à Hopper et à ce livre grâce à une photo de Jeffrey Silverthorne à l'exposition que nous avons vue vendredi soir (http://www.galerievu.com/series.php?id_reportage=96&id_photographe=25, photo 29). C'est DramaKing qui m'a montré le lien avec Hopper.

Tout au long de ce week-end si plein de ce que j'aime, de ce que nous aimons, j'étais au cœur de mon rêve : des photos, de la musique (aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah, Hindi Zahra : http://www.myspace.com/zahrahindi), de la fête, de l'alcool, de la danse (1ère fois avec DramaKing !!!), du désir, de la jouissance, des déferlements de tendresse, des discussions, des déclarations, de la quiétude, du cocooning.

Il y a tout ça derrière nos fenêtres...

jeudi 17 décembre 2009

Le saut de l'ange


Une fois n'est pas coutume, il y aura une photo prise par moi sur ce blog. Je ne risque pas de concurrencer DramaKing avec ça, mais ce petit bonhomme de neige trouvé ce soir dans la cour en rentrant dans ma maison de poupée m'a mise en joie.

Il y a des petits signes comme ça qu'il faut savoir détecter et apprécier à leur juste valeur.
La neige en était un aujourd'hui pour nous. La neige de Noël a un parfum d'enfance. DramaKing et moi sommes des enfants gâtés. Nous jouons avec nos cadeaux en les abîmant un peu, pour mieux les chérir ensuite.

Lorsque DramaKing plonge, il me semble que je suis la seule à pouvoir le sauver. Lorsque je plonge, sans le savoir, il intervient à temps. Nous continuons à nous apprendre en nous reconnaissant toujours davantage. Chacun est le miroir de l'autre et lui renvoie sa part de rêve, sombre et lumineuse.

C'est exigeant et fatigant cet amour passionné, tissé de contradictions, attirance et parfois répulsion, que notre gémellité de reflets implique. Un de ces trop beaux et rares cadeaux offerts par la vie ; de ceux que l'on doit accepter avec grâce, décision et reconnaissance.

Croire que nous le méritons. Croire que nous saurons le préserver. Croire que dans le saut de l'ange, nous saurons ensemble voler le plus longtemps et le plus loin possible sans nous brûler les ailes.

lundi 14 décembre 2009

Mon jardin plus si secret


Je n'aurais pas cru désirer être lue. Et pourtant, c'est bien ce qui se produit.

J'ai beaucoup écrit, depuis l'âge de 10/11 ans, avec quelques longues interruptions, mais toujours pour moi, sans jamais penser à un quelconque lecteur.

Dans le cadre d'un exercice imposé, à l'école, pendant mes études, dans mon travail aujourd'hui, les mots ne me viennent pas facilement. J'ai le goût de la juste formulation, certes, mais un style concis jusqu'à la sécheresse et parfois à la pauvreté. Ce qui fait que je me suis toujours plutôt vue comme une "peine à écrire". Avec le recul, je me dis que les profs ont du bénir mes devoirs lapidaires au regard des piles de copies doubles crachées au kilomètre par mes camarades. Sans effort apparent, ce que j'ai envié pendant des années.

Quand c'est pour moi, c'est plus simple, parce que je ne me soucie pas de l'effet produit. Je me suis servie de l'écriture comme d'une catharsis, un refuge. Pendant ces années où mon mariage avec B. se délitait, et jusqu'à ce que je le quitte pour m'installer chez moi, mes carnets successifs étaient ma maison, le seul endroit où je me retrouvais.

Je n'ai jamais pu me livrer devant mon entourage à cette activité un peu honteuse, presque masturbatoire. Surtout pas devant B. J'ai donc pris l'habitude de m'y consacrer pendant mes trajets en métro. Cette forme d'impudeur me gêne moins en présence d'inconnus. Je le fais encore même si, libérée de la vie de couple aujourd'hui, j'ai plus de temps, et surtout je peux écrire chez moi autant que j'en ressens le besoin. J'ai été triste, parfois, de penser que mon intime identité se trouvait circonscrite à quelques feuilles noircies dans l'indifférence d'une rame de métro.

Alors mes carnets, c'est un drôle de mélange, entre questions "existentielles", listes de courses, notes sur ce que je lis, entends ou vois, petites chroniques de mon petit quotidien, grands élans amoureux jubilatoires ou désespérés, "to-do" longs comme le bras...

J'ai dit que j'avais commencé à écrire à DramaKing en pensant qu'il ne me lirait pas. Mais il me lisait, je l'ai su rapidement, alors j'ai continué avec une intention, une volonté, qui pour la première fois, ne concernait pas que moi. Je me suis prise au jeu. Il m'y a encouragée.

Ce blog est pour le moment la forme la plus aboutie que je puisse donner à ce passage d'une écriture strictement intime à une écriture "publique". Le net, sa facilité, son anonymat, a du révéler ainsi pas mal de vocations. Tout comme dans d'autres formes d'expression artistique d'ailleurs, notamment en musique. On n'est pas "publié", on "publie", sans aucune intervention extérieure, professionnelle, juste avec un ordinateur et une connexion Internet.

C'est magique et terrifiant à la fois. Comment exister dans cet univers foisonnant ? Moi j'en suis encore à ne donner l'adresse de ce blog qu'à quelques rares personnes. Pas parce que je raconte ici des choses très personnelles. L'impudeur ne réside pas dans le contenu, mais dans la folle prétention de croire que cela pourrait intéresser qui que ce soit. Et pourtant je l'avoue, plus j'écris et plus j'ai envie d'être lue.

Mon image de moi-même est en train de changer. Je ne suis plus seulement une sorte de machine parfaitement apte à gérer la contrainte. Je suis capable d'écrire, et de prendre le temps de le faire. Mais cette petite discipline du post quasi journalier est surtout une nécessité. Tout comme ma relation avec DramaKing, elle constitue mon îlot de résistance face au rouleau-compresseur du quotidien. L'écriture est mon espace de liberté. J'ai envie de le partager, et tant pis pour la modestie.

Une dernière chose : DramaKing le sait, il est sans aucun doute la seule personne devant laquelle je pourrais m'adonner sereinement à mon petit "vice"...

dimanche 13 décembre 2009

Dimanche en décembre

J'aime le dimanche.

Le matin, je paresse pendant que les enfants se débrouillent avec le petit déjeuner. Je les entends s'agiter et me dis vaguement qu'il faudrait que je me lève. Mais pas avant d'avoir visité mon lit dans tous les sens.

Il est tard, nous sommes encore tous les trois en pyjama. Il fait froid dehors, il a même un peu neigé ce matin. Mais il fait bon dans notre maison de poupée. Pas envie de sortir du cocon. Savourer l'apaisement.

Ecouter de la musique :
- Kid Circus, They came to play (http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/kid%20circus%20they%20came%20to%20play)
- Alex Gopher, The Child (http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/alex%20gopher%20the%20child)
- Java, L'amer à boire (http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/java%20l%27amer%20%C3%A0%20boire)
- Carlos Valle, Mentira (http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/marcos%20valle%20mentira)
- Pressure Drop, Sounds of time (http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/pressure%20drop%20sounds%20of%20time)
- Boris Vian, Je bois (http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/boris%20vian%20je%20bois)
- Troublemakers, Get misunderstood (http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/troublemakers%20get%20misunderstood)
- John Lennon, Instant Karma (http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/john%20lennon%20instant%20karma)
- Fefe, VPC (http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/fefe%20vpc)

Rêver aux beaux livres dont parle si bien Aurora (http://auroraweblog.karmaos.com/).

Penser à DramaKing, désirer être avec lui.
L'apaisement m'a conquise progressivement après cette nuit fondatrice, terrible et belle. Tout reste à vivre et à construire désormais.

J'ai réfléchi à cette différence qu'il m'a expliquée, entre masochisme et soumission. Là encore, il fait sauter mes défenses. S'oublier, s'adonner totalement, s'abandonner dans la consécration de l'autre, pour lâcher prise, enfin, ne laisser aucune parcelle de soi à l'abri. Cesser de se protéger, avoir en l'autre une confiance absolue : tu me donneras à hauteur de ce que je te donne, tu ne l'utiliseras pas contre moi, tu ne me feras pas de mal, il n'y aura ni peur ni gêne, tout est possible.

Le laisser me photographier, lui décrire mes images intérieures, prononcer son prénom, tout cela participe de la même démarche.

C'est difficile parce que j'ai passé beaucoup de temps à tenter de tout maîtriser, à exercer un contrôle permanent sur mon environnement et sur moi-même.
En général, j'ai recours à l'alcool et/ou à la fatigue pour me libérer. Mais je veux vivre avec une conscience plus aigüe à présent. Je pense que tout ce qui est de l'ordre du jeu (mise en scène, accessoires, scénarii) peut m'aider à sortir de moi-même et à ne plus subir mes propres injonctions.

J'espère et j'attends de DramaKing, patience, bienveillance, indulgence et persévérance.

Je pense à l'exigence absolue qui nous lie. J'ai cet orgueil fou de croire que nous serons à la hauteur.

vendredi 11 décembre 2009

Ma danse de sioux heureuse


J'ai dansé dans la rue pour défier la souffrance
J'ai dansé avec mes enfants
Pour leur montrer que j'étais toujours là
J'ai dansé dans des endroits où l'on danse,
Et j'ai senti sur moi des regards d'hommes qui n'étaient pas lui

J'ai dansé comme on implore
J'ai dansé comme on prie
J'ai dansé comme on invoque

J'étais un vase lourd de larmes prêt à se briser
J'étais une offrande refusée
J'étais un corps en suspens
Hors de la vie, hors de moi, hors du temps

Tout m'est rendu. Ni fantôme, ni ombre,
Je m'incarne et rayonne à nouveau
Et je t'entraîne DramaKing, dans ma danse de sioux heureuse

jeudi 10 décembre 2009

Vivre, c'est ça l'idée

Ne pas se laisser bouffer par la routine et le stress.
Ne pas avoir peur.
Ne pas cesser de lutter contre tout ce qui empêche de rêver.
Travailler ses passions.
Donner le meilleur de soi-même.
Lire, écouter, regarder.
Ecrire, photographier.
Aimer, échanger, partager.
Manger, boire, baiser, danser.
Etre sensible au monde, élever constamment son niveau de conscience.
Vouloir tout embrasser.
Aller toujours plus loin.
Préférer être frustré que se contenter de peu ou de ce que l'on maîtrise.
Se mettre en danger...
... Sans se perdre.
Préférer la quête au but, le chemin à la destination.
Etre pleinement présent à chaque instant.

lundi 7 décembre 2009

L'Assassin, espoir des femmes

Cette pièce d'Oskar Kokoschka fut représentée pour la 1ère fois à Vienne en 1909. Elle fit scandale, tout comme l'affiche. La trame était simple : "l'Homme", à la tête d'une troupe de soldats, rencontre "la Femme" et sa suite. L'Homme marque au fer rouge la Femme qui, en retour, lui porte un coup de poignard et le fait prisonnier. Prise elle-même au piège de l'amour-haine, elle le tire du cachot. Mais l'Homme, qui approche de la mort, est encore capable de libérer une force irrésistible : au contact de sa main tendue, la Femme meurt.

Oskar Kokoschka représentait ainsi une guerre des sexes sans merci. Les rapports homme-femme sont régis par l'agressivité et la violence, l'amour et la mort sont inextricablement liés.

Il avait alors seulement 23 ans. En 1912, il rencontre Alma Mahler, veuve du compositeur Gustav Mahler. Leur histoire prend fin 2 ans plus tard. Oskar Kokoschka, toujours fou amoureux, commande à une créatrice de marionnettes rencontrée à Munich en 1917, une effigie grandeur nature d'Alma qu'il tente de faire aussi ressemblante que possible à l'original. Je ne suis pas spécialiste de l'histoire des poupées gonflables, mais enfin il se pourrait bien que ce soit la première, non ?

L'amour, la mort et la folie... Mais Oskar Kokoschka est mort de sa belle mort en 1980, presque centenaire.

Ce matin, j'étais dans une rage folle contre DramaKing. Je voulais écrire un post sanglant que j'aurais intitulé "colère", et entamer ainsi une série sur les 7 péchés capitaux. Puis j'ai pensé à cette affiche, et replonger dans mes viennoiseries m'a apaisée. Tout comme la discussion qui a suivi avec DramaKing...

dimanche 6 décembre 2009

J'ai tout

J'ai tout, elle n'a rien. Que lui.

J'ai tout : "ton talent, les enfants, ton joli ptit appart, ton boulot, ton joli ptit cul, tes belles jambes." Est-ce que ça fait "tout" ???

J'ai tout. Je n'arrive plus à travailler. Je n'arrive plus à manger. Je n'arrive plus à dormir. Je n'arrive plus à bien m'occuper de mes enfants. Je n'arrive plus à voir l'avenir.

J'ai tout. Je ne fais qu'essayer de survivre au jour le jour. Je n'ai pas le choix.

J'ai tout. J'ai cette pseudo force qui joue contre moi une fois de plus.

J'ai tout. J'ai ma peur, mon chagrin, ma solitude, ma fatigue.

J'ai tout. J'ai ce manque de lui qui creuse mon ventre et me laisse béante et vide.

J'ai tout. Je suis glacée.

J'ai tout. J'ai cette faculté de le ramener, de lui donner envie, de le rendre heureux. Mais le bonheur ne l'intéresse pas.

J'ai tout. J'ai ma passion absolue pour cet homme, qui me consume.

J'ai tout. Tout ce qu'il n'admet pas m'avoir donné, appris, qu'il me refuse désormais, et dont je ne sais plus que faire.

J'ai tout. Je devrais m'en contenter sans doute.

Mais non, j'ai tout cela et j'ai, en plus, l'impudence de vouloir gagner sur tous les fronts.

J'ai tout, et je ne suis rien.

J'ai tout. J'ai ces carnets que je noircis frénétiquement depuis près de 3 ans pour accepter de tout avoir.

J'ai tout. J'ai ce blog sur lequel je n'écris que pour lui. J'ai ces mots qui n'existent que par lui.

J'ai tout. Ma colère, ma révolte et mes chaînes.

J'ai tout, vous dis-je !

J'ai tout. J'ai ma souffrance, ma douleur et mes larmes, qui pèsent moins lourd dans la balance, justement parce que j'ai tout.

J'ai tout. J'ai la vie de DramaKing entre mes mains.

J'ai tout. Je n'y renoncerai pas.

samedi 5 décembre 2009

Voyage au pays de DramaKing



Au pays de DramaKing, tout est rouge et noir.

Une femme mystérieuse se pâme et vampe sur ses murs.

Une foule de chemises, de costumes, de jeans, de tee-shirts, de chaussures, de vestes, de sacs... se presse sagement dans son dressing de dandy Farenheit.

DramaKing est passé maître dans l'art de l' "accumulation organisée". Des livres, des photos, des magazines, des objets divers et variés. Ils sont tellement nombreux et disciplinés, comme une armée chargée de veiller sur son intimité.

Au pays de DramaKing, on peut se perdre pendant des heures à rêver et à lire.

Il y a près du lit un meuble étrange, cylindrique et rouge, muni de plusieurs tiroirs, comme autant de cachettes secrètes. On y trouve ces "jouets" dont il m'a appris à savourer l'usage. Le pays de DramaKing est le lieu de tous mes sens en éveil.

Je pouvais croire que j'étais reine en son royaume. Il m'y préparait de délicieux repas, s'approvisionnait de tout ce que j'aime, et un flacon de mon parfum trônait dans sa salle de bains.

J'étais une Alice au Pays des Merveilles brune qui promenait nue sa fascination.

vendredi 4 décembre 2009

La solution de facilité


Vendredi soir. Récupéré les Loulous, alias les Poussins, alias les Nains, alias Pierre et Axel.

Ils sont fatigués en ce moment, Axel a des accès de gros chagrin, et Pierre est malheureux. Il s'en est ouvert à sa maîtresse, qui nous a convoqués B. et moi la semaine prochaine. Pierre souffre parce que son père est "trop stressé", "trop dur" avec lui. Mon fils ne se sent pas bien chez B., il a "le coeur gros", et n'ose pas lui parler, de peur de se "faire tuer". Pierre pense que B. aime davantage son travail que ses enfants, "c'est comme une passion, on ne peut pas la changer".

Je m'en veux parce que Pierre avait déjà essayé de m'alerter. Je n'avais pas compris que c'était aussi profond. Je n'ai pas osé compromettre la relation de "parents-partenaires" que nous entretenons B. et moi malgré le désamour, et qui suscite tant d'admiration autour de nous. J'ai juste retenu ce qui me faisait plaisir, à savoir que mes fils sont mieux avec moi qu'avec leur père. Satisfaction mesquine, minable petite vengeance.

Mais je refuse de me vautrer dans la culpabilité, tout comme je veux empêcher à tout prix Pierre de sombrer dans la peur et le désespoir. Je lui avais dit un jour que l'on peut décider, choisir d'être heureux en dépit des circonstances, même si l'on a le droit aussi (et c'est bien de le faire), d'être triste, inquiet, et de l'exprimer. Il s'était réveillé le lendemain en proclamant "la vie est belle !". J'arriverai à lui rendre cette conviction là, je m'y emploierai de toutes mes forces. Alors ce soir, dans notre "petite maison pas moderne" qui me ressemble tant, Axel, Pierre et moi avons "fait l'apéro", mis des bougies, écouté de la musique et bouquiné. C'est ma façon de lutter.

Je suis très loin d'être une mère parfaite. Mais j'ai la volonté d'accompagner mes fils jusqu'à l'âge adulte, et tant qu'ils en auront besoin, en leur transmettant cette conviction profonde : le bonheur est une conquête, le malheur est la solution de facilité. Quand la tristesse, la colère, le ressentiment, la peur, l'impuissance, l'abattement vous étreignent, il est plus facile de s'y laisser aller.

J'ai compris quelque chose très récemment au sujet de DramaKing : c'est un enfant abandonné. C'est pourquoi je lui pardonne sa peur du bonheur. C'est aussi pourquoi je tiens tant à lui. Quand j'étais enceinte de Pierre, ma mère m'avait avertie : avoir un enfant, c'est "une révolution copernicienne." Elle avait raison. Et Dramaking, est pour moi une autre sorte de révolution copernicienne.

Hardcore et sensible

La radio, c'est une tradition familiale, maternelle en réalité. J'ai toujours vu ma mère se trimballer d'une pièce à l'autre de la maison avec son transistor. Très Radio France : France Inter, France Culture, France Musique. Ca allait avec l'attirail "enseignants de gauche", abonnement à Télérama compris.

Quand je suis partie faire mes études, j'ai perpétué la tradition. Dans mon studio aixois, la radio était toujours allumée : France Inter ou France Info pour l'actu, Radio Classique pour dormir ou travailler, parfois France Culture quand une émission m'intéressait, et Radio Grenouille (radio associative marseillaise) pour la musique. Un rituel du dimanche soir que j'aime toujours autant aujourd'hui : enchaîner sur Inter "Le Masque et la Plume" à 20h, "Carrefour de l'Odéon" à 21h, et "Ascenseur pour le jazz" à 22h. Et bien sûr, je me suis abonnée à Télérama...

C'est en arrivant à Paris qu'a débuté mon histoire d'amour avec Nova. Il y a eu Ouï FM aussi au début, surtout le dimanche pour cette fantastique émission qu'était "L'Odyssée du Rock". Mais Nova, c'est un ton, un éclectisme, une ouverture uniques. Hommage donc à cette radio qui m'accompagne presque en permanence : petite playlist de titres récemment entendus qui collent à mes différentes humeurs du jour.

Matin, difficile, besoin d'énergie pour affronter la journée, me mouvoir avec la foule terrifiante des cadres stressés et pressés lorsque j'émerge du métro à Miromesnil, croire que je ne suis pas comme tous ces gens, que je garde ma part de rêve : The Quantic Soul Orchestra, Feeling Good (feat. Alice Russell) ; Nitin Sawhney Feat. Natty, Days Of Fire.

Il grisouille, il pleut, il fait froid, c'est Paris début décembre. Un peu de soleil brésilien : Jorge Ben, Oba, Là Vem Ela (http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/jorge%20ben%20oba%20la%20vem%20ela).

Je marche dans la ville, je suis en retard, je dois aller vite : Moby, Run On (http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/moby%20run%20on).

Au boulot, besoin d'un morceau cool propice à la concentration : Kings of Convenience, Mrs Cold (http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/kings%20of%20convenience%20mrs%20cold).

Dans le métro, j'écris sur mon carnet, je rêve à New-York, où j'aimerais tant aller un jour, avec DramaKing peut-être : LCD SoundSystem, New-York I Love You (http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/lcd%20soundsystem%20new%20york).

DramaKing justement : tout me fait penser à lui bien sûr, mais particulièrement : Guts, I Want You Tonight ; Portishead, Sour Times (http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/portishead%20sour%20times) ; K-Os, The Rain (http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/k-os%20the%20rain) ; The Smashing Pumpkins, Tonight, Tonight.

Et pour remonter mon moral vacillant : De La Soul, Eye Know ; Stevie Wonder, Sir Duke (http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/stevie%20wonder%20duke) ; Daft Punk, Revolution 909 (http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/daft%20punk%20revolution%20909) ; Dee Edwards, I Can Deal With That.

DramaKing se fiche de moi et de ma monomanie.
N'empêche que la signature de Nova est aussi ce que nous avons trouvé de mieux pour définir notre relation : hardcore et sensible.
N'empêche que je suis sûre qu'il écoute cette radio plus souvent désormais...
... Et que lui aussi ça le fait penser à moi...

mardi 1 décembre 2009

Paris est tout petit pour ceux qui s'aiment comme nous d'un aussi grand amour


http://www.youtube.com/watch?v=UJIIrguLzDw

Je ne me souvenais pas que Garance le disait à Frédéric en plaisantant.

La douleur se fait plus vive à chaque fois que je me retrouve dans l'un des lieux emblématiques de notre amour. Il y a ceux que je voudrais oublier à tout jamais (les bars des 8 et 9 octobre à Châtelet, je suis passée devant récemment après l'expo Soulages), ceux que j'évite (9e et 10e entre Grands Boulevards et Strasbourg Saint-Denis), ceux que je ne peux malheureusement pas contourner (Miromesnil et Porte d'O, ce soir encore), et tant d'autres que nous avions parcourus ensemble.

C'est là toute l'ironie : Paris est trop petit pour que je puisse fuir mes souvenirs (hormis ce 8e froid et impersonnel où je travaille - c'est presque une bénédiction). Mais Paris est trop grand pour que nous nous y retrouvions par hasard.

J'aimerais faire la tournée des bars avec DramaKing, et marcher ivres dans Paris. Ivres d'alcool et du bonheur d'être ensemble, jusqu'à ne plus sentir ni le froid ni la fatigue, jusqu'à oublier la peur, la frustration, le chagrin.

Je suis fatiguée d'arpenter la ville en espérant le trouver, fatiguée d'avoir mal en permanence. Heureusement la musique est là pour avoir envie, malgré tout, de danser dans la rue : http://www.deezer.com/fr/index.php?incr=1#music/result/all/boogie%20oogie%20oogie%20a%20taste%20of%20honey

La Domination masculine



J'irai voir ce film dès que je le pourrai. En attendant, je suis allée sur le site http://www.ladominationmasculine.net/, ainsi que sur le blog de Patric Jean http://patricjean.blogspot.com/.

Je me souviens d'avoir pleuré de rage ado, en apprenant qu'en France, les femmes avaient du attendre 1965 pour ouvrir un compte bancaire et exercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari. J'ai frémi en voyant les images de Simone Veil défendant le droit à l'avortement à l'Assemblée Nationale (loi votée en 1975, à peine 3 ans avant ma naissance !). J'ai lu Beauvoir avec frénésie et délectation, je me suis passionnée pour les "gender studies". J'ai râlé en répondant à des enquêtes parce qu'on me demandait la profession du "chef de famille" alors que cette notion a été supprimée du Code Civil en 1970. Je me suis proclamée féministe dès l'adolescence, tout en évoluant globalement dans un milieu socio-culturel qui au mieux considérait le féminisme comme un combat d'arrière-garde, au pire comme une manifestation grossière d'hystérie.

Et pourtant...
10 ans de mariage, 10 ans de ma vie, de 20 à 30 ans, à tenter, plus ou moins consciemment, plus ou moins volontairement, de me conformer à "l'idéal de la femme blanche, séduisante mais pas pute, bien mariée mais pas effacée, travaillant mais sans trop réussir, pour ne pas écraser son homme, mince mais pas névrosée par la nourriture, restant indéfiniment jeune sans se faire défigurer par les chirurgiens de l'esthétique, maman épanouie mais pas accaparée par les couches et les devoirs d'école, bonne maîtresse de maison mais pas bonniche traditionnelle, cultivée mais moins qu'un homme" (Virginie Despentes, King Kong théorie).

J'ai échoué bien sûr. Le 14 juin dernier, exactement 2 semaines avant de rencontrer DramaKing pour la 1ère fois, j'écrivais : "Je veux être soumise et dominée autant que chérie, choyée et protégée. Je renonce au couple, à ce partenariat qui n'est qu'une illusion parce qu'il éteint le désir. Je ne veux que du désir. Je conserve, renforce, mais restreins à la sphère publique mon ambition, ma volonté d'être au moins l'égale des hommes. En privé, je serai femme dans l'acceptation la plus femelle du terme. C'est pour ça que je ne crois plus et ne veux plus de la vie de couple. Parce que la façon dont je veux être implique une névrose évidente qui n'est viable que si je peux me ressourcer et me réconcilier dans ma solitude."

Dans ce couple que nous avons formé si peu de temps avec DramaKing, j'ai pu être pleinement moi-même. Parce qu'il aimait tout : ma soumission hardcore dans nos jeux, mon côté "killeuse" sur le plan professionnel, ma tendresse, mon humour, mon goût du débat, celui du silence, mes élans maternels, mes robes, mes talons hauts, mon vernis, mes accès d'autoritarisme, mes inquiétudes et mes contradictions. J'avais le droit d'être fatiguée, malade, de ne pas avoir le moral. Il était là pour moi. Alors oui, soumise et dominée, autant que chérie, choyée et protégée... Plus la complicité et l'admiration mutuelle. Et le sentiment, non pas d'être façonnée, mais d'être révélée dans ce que j'ai de meilleur.